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ASSOCIATION KOYAKADOUGOU POUR LE DEVELOPPEMENT

            ECONOMIQUE DE LA REGION DE MANKONO

 

- Koyakadougou est un projet qui implique une diaspora Ivoirienne originaire de Mankono forte de 3000 membres en Ile de France. 

- L’association se fixe comme principal objectif de créer les conditions d’un renouveau économique de la région de Mankono. 

- Le levier de cette promesse est constitué par la volonté des Mankonoka de Paris d’épargner pour construire leur maison au pays. 

- Ce projet immobilier est le premier temps d’un cycle économique vertueux qui rendra possible le retour au pays des Mankonoka qui le désirent. 

- L’association Koyakadougou a également la volonté d’aider les Mankonoka de Paris, leur permettre d’être plus actifs sur le plan économique et de mieux exprimer leurs savoir faire.  

Carte CI

Les communautés d’Ivoiriens de Paris sont souvent réunies en associations qui permettent de perpétuer, ici, en France, une partie des traditions du pays d’origine. Ces associations interviennent pour des occasions telles que des naissances, décès, mariages ; des fonds sont collectés sous forme de cotisation pour porter secours aux membres de la communauté qui se trouveraient dans la difficulté.

Le projet Koyakadougou s’appuie sur cette forme de vie communautaire bien développée pour la renforcer et lui donner une efficacité plus grande, des objectifs plus ambitieux. La mobilisation autour des idées de l’association s’est trouvée facilitée par cette habitude de se réunir régulièrement, au sein d’une même famille ou d’un même clan. M. Fofana, issu de la ville de Mankono, s’est d’abord appuyé sur ces structures pour effectuer les premières démarches auprès de ses compatriotes issus de la diaspora des Mankonoka de Paris.    

I) Le constat  

Les africains, en règle générale, restent très attachés à leurs régions d’origine. Le retour au pays, au soir de la vie, pour jouir au milieu des siens des privilèges de la sagesse est une composante importante de la culture africaine. En France, les anciens ne perçoivent que de modestes retraites qui ne leur permettent pas de vivre dans de bonnes conditions. Ceux qui n’ont pas prévu leur retour finissent leurs jours dans des foyers d’hébergement peu confortables, loin des leurs et privés des bénéfices que confère la vieillesse.

C’est le point de départ de la réflexion des Mankonoka de Paris : comment organiser un retour de la communauté tout en assurant de bonnes conditions de vie à ceux qui feraient ce choix ?Il faut noter que l’émigration est une constante dans la vie des africains. Ce projet n’a pas vocation à fixer les Mankonoka sur leur terre contre leur gré, mais plutôt à jouer un rôle de passerelle entre ici et là bas. Faciliter le retour au pays de ceux qui le souhaitent par un programme économique adapté à la région de Mankono, et aider ceux qui envisagent leur futur en France.   

I).a  Mankono 

La ville de Mankono est une cité qui se trouve dans la région Nord de la Côte d’Ivoire, à 150 km au nord ouest de Yamoussoukro.  Cette ville souffre d’un manque d’infrastructures, et s’est trouvée pénalisée dans son développement depuis plusieurs décennies. Ce déficit de voies de communication s’explique entre autre par le fait que Yamoussoukro étant devenue capitale administrative, le développement de Mankono, bien placé au carrefour du pays, aurait gêné celui de la capitale chère à Houphouet. Depuis longtemps maintenant, les Mankonoka émigrent à l’intérieur de la Côte d’Ivoire mais aussi dans le monde entier. Si nous connaissons la diaspora parisienne et pouvons estimer son effectif à environ 3000 membres, nous ne savons pas exactement combien de Mankonoka ont essaimé de par le monde. Peut être ce projet nous permettra-t-il de nous compter si nous arrivons à le promouvoir par tous les moyens de communication modernes.Car le temps presse : Mankono se vide de sa population et il faut agir maintenant pour assurer une vie digne aux anciens et donner l’espoir d’une prospérité retrouvée aux jeunes générations.

I).b Les atouts de la région de Mankono 

Mankono était un marché pré colonial actif. Ruinée par le passage de Samory Touré, elle ne renoua avec la prospérité qu’à la période coloniale. Jusqu’en 1950 environ, Mankono  est restée une des principales villes de Côte d’Ivoire. Son décrochage est amorcé avec l’avènement des cultures du cacao et du café au sud et le déclin des activités commerciales traditionnelles. La région a cependant conservé les caractéristiques qui avaient favorisé son essor : 

Une situation géographique exceptionnelle en plein centre du pays.Mankono se trouve placée sur une route commerciale qui dessert le nord de la CI, le Mali et dans une moindre mesure le Burkina Faso. D’est en ouest, Mankono se trouve sur l’axe commercial Bouaké Séguéla. Néanmoins, aucune route bitumée ne permet aujourd’hui de tirer parti de cette situation et il est important d’intégrer cette donnée dans les projets d’infrastructure à venir.  

Une agriculture essentielle :L’agriculture reste une activité très importante dans laquelle se trouve impliquée une bonne part de la population rurale de la région de Mankono. Les producteurs sont organisés en coopératives pour quasiment 100 % des productions et des magasins de stockage sont présents dans pratiquement tous les villages. Les marchés ruraux constituent des lieux d’intense activité commerciale hebdomadaires et offrent des débouchés aux productions vivrières locales (manioc, igname, maïs, riz pluvial, banane plantain, aubergines, choux, etc..).Des cultures de rente viennent compléter les revenus des agriculteurs : coton, anacarde (noix de cajou), café.  

Des ressources géologique et minières Des indices miniers favorables ont été répertoriés : or, diamant, cuivre, manganèse, chrome sont présents et appellent des prospections plus approfondies pour déterminer l’importance des gisements.  

Un avenir dans le secteur du tourismeLe potentiel touristique repose sur le patrimoine culturel des populations locales : Malinké, Ouan et Mona ainsi que sur la richesse de l’artisanat. La luxuriance de la végétation et la faune riche et variée sont également à ranger au nombre des attractions mankoniennes. Les infrastructures doivent être développées et il s’agit d’un axe économique intéressant pour la communauté, qui connaît bien la cible commerciale que constituent les français.

 

I).c Une implantation forte à Paris 

Les liens entre la France et l’Afrique sont illustrés par cette relation forte qui existe entre la Côte d’Ivoire et Paris. Relations souvent tumultueuses mais qui perdurent en dépit des fluctuations politiques. La francophonie offre une opportunité dont nombre de Mankonoka se sont saisis pour réussir leur vie ici, en France. Une réussite compliquée par des difficultés liées au statut d’immigrant : problème pour l’obtention d’un statut de travailleur, difficultés de logement, précarité de l’emploi. Une réussite cependant à l’aune de ce que leur terre d’origine peut leur offrir.

Les ivoiriens qui font le choix de l’émigration doivent revenir au pays armés des preuves de leur succès. Par le passé, les Mankonoka de Paris ont tenté, individuellement ou collectivement, de réaliser des projets immobiliers au pays en faisant confiance à diverses formes d’organisations qui se sont avérées incapables de tenir leurs promesses : les fonds collectés se perdaient dans les méandres familiaux et n’atteignaient jamais leur but.Par ailleurs, nous observons aujourd’hui que des communautés installées en France depuis moins de 10 ans affichent des réussites intéressantes : par exemple, les boutiques dans lesquelles les africains vont acheter leurs denrées alimentaires sont tenues par des pakistanais et jamais par des africains. 

Le bilan économique de notre communauté est donc, à ce jour, assez modeste au regard de ce qu’ont pu réaliser d’autres immigrants sur le territoire français, et compte tenu de l’ancienneté de notre implantation. Koyakadougou veut également favoriser cette prise de conscience. Envoyer des fonds au pays, certes, mais avec un levier qui permette de relever des défis économiques contemporains. C’est un objectif réalisable par une communauté forte d’un effectif d’environ 3000 personnes.   

I).d Nous possédons de nombreux atouts : 

La communauté installée en France est relativement prospère. Le taux de chômage y est faible et commence à se faire jour une véritable ambition, une envie de réussir et de ne plus être les laisser pour compte du progrès. Ces sentiments sont exploités et entretenus par M. Fofana qui sait à merveille aiguiser la sensibilité de ses compatriotes. 

La région de Mankono est riche d’un potentiel qui reste à explorer. Aux activités traditionnelles (agriculture, activités minières, commerce), peut venir s’ajouter le tourisme qui représente pour cette région de brousse et savane une véritable richesse. La communauté est relativement unie. Les 3000 membres résidant à Paris se connaissent les uns les autres à défaut d’avoir été capables de mener ensemble un projet commun et efficace. Le recours à des regroupements de type associatif est une pratique courante, chaque clan ou famille de la communauté ayant pour habitude de se réunir une ou plusieurs fois par mois. Les actions de sensibilisation s’en trouvent simplifiées et Koyakadougou n’a eu aucun mal à recruter des adhérents.  Les besoins exprimés par Koyakadougou sont largement ressentis par les membres de la communauté. Les anciens, les sages, les chefs de la communauté ont tous pris position en faveur du projet. 

Les Mankonoka de Paris travaillent pour une grande majorité d’entre eux. Ils sont donc en mesure de libérer une partie de leur épargne en faveur de ce projet, et ont à coeur de rendre la prospérité à leur village.

I).e Les points faibles auxquels nous devrons remédier :  

Echaudés par l’indélicatesse de certains qui ont fait capoter des projets similaires dans le passé, les Mankonoka sont méfiants vis-à-vis de la collecte de l’épargne. Donner pour un mariage ou un enterrement, cotiser à une caisse de secours sont des actes individuels et culturellement acceptables. S’intégrer dans une dynamique communautaire plus large et plus exigeante suppose l’adhésion à des règles communes, plus difficiles à faire admettre.Pour cela, nous multiplions les réunions et les actions de mobilisation auprès des différentes familles. La communauté est traversée par des hiérarchies parallèles, qui, sans être antagonistes, ne sont pas forcément enclines à aller dans la même direction. Il faut trouver au sein des familles des relais efficaces et convaincus de l’utilité du projet. Pour l’instant, les forces se conjuguent correctement grâce notamment au poids des plus anciens qui ont pris fait et cause en faveur du projet. Là encore, une mobilisation constante nous permet de garder le contact et de mesurer en permanence le niveau d’implication des membres.   

II) La promesse de l’association 

Koyakadougou s’est d’abord édifiée sur la promesse d’offrir à chaque adhérent la possibilité d’acquérir une maison au village. Cela reste l’argument principal qui est utilisé lors des réunions de sensibilisation. Cependant nous déclinons aujourd’hui un ensemble d’objectifs qui associent à la fois un projet de retour mais aussi des objectifs d’amélioration des conditions de vie de la communauté ici en France. 

II).a Une maison à Mankono 

C’est une aspiration traditionnelle des immigrés que de vouloir construire une maison au pays. Le projet économique ici expliqué s’est appuyé sur cette ambition pour soulever l’enthousiasme de la communauté des Mankonoka. Dès le début, lors des réunions de sensibilisation, nous n’avons eu de cesse de démontrer la faisabilité du projet pour tout un chacun, au prix d’un effort d’épargne tout à fait réaliste qui est fixé à un seuil minimum de 50 euros par mois, bien inférieur à ce que les Mankonoka consacrent à la vie associative. Pour satisfaire plusieurs niveaux de revenus, nous avons envisagé de proposer 3 types d’habitations pour des niveaux de prix s’étageant de 8000 à 15 000 euros.Pour atteindre cet objectif, et contourner la crainte de mettre de l’argent dans une caisse commune, il nous semble indispensable de proposer à nos adhérents de déposer leur argent sur des comptes d’épargne individuels.

La solution serait retenue est d'ouvrir un compte pour pour chaque adhérent. Les dirigeants de l’association n'ont pas accès à ces comptes et ne peuvent en aucun cas les mouvementer. Cependant, ils connaissent les ouvertures et fermetures de comptes de façon à pouvoir faire pression sur les membres et exercer un minimum de contrôle. Ce contrôle étant connu des adhérents, ils seront de toutes façons moins enclins à utiliser leur épargne comme une réserve de trésorerie.Nous avons cherché longuement une solution bancaire conforme à cette description. Après 11 mois de recherche, nous avons pu nous accorder avec le Crédit Mutuel qui nous accueille dans des conditions conformes à nos souhaits. 

Par la suite, dans trois à cinq ans, lorsque nous pourrons lancer les premières constructions, l’association servira de sas entre les membres de la communauté et les différents fournisseurs, et également se portera garante pour les adhérents qui devront emprunter pour compléter le financement de leurs maisons. 

 

II).b Des actions pour l’intégration des Mankonoka à Paris 

Les africains, et les Mankonoka comme les autres, connaissent en France des difficultés dans leur vie quotidienne, difficultés auxquelles la communauté sait apporter des réponses : accueil des nouveaux migrants, solidarité sans faille vis-à-vis des familles endeuillées, aide aux nouveaux mariés, actions qui relèvent de l’entraide et de l’esprit de famille.

A mesure du temps qui passe, de nouveaux besoins surgissent auxquels la communauté ne sait plus faire face avec ses moyens traditionnels. L’une des préoccupations les plus sérieuses est la réussite scolaire des enfants. Le taux d’échec scolaire est important : les parents travaillent souvent tous les deux. De plus ils n’ont que rarement des niveaux scolaires qui leur permettent d’aider efficacement leurs enfants.De cette situation d’échec scolaire découle une vulnérabilité vis-à-vis de la délinquance. Un membre de la famille Fofana s’est récemment rendu coupable d’un crime odieux et a jeté un éclairage impitoyable sous lequel les Mankonoka ont découvert une terrible réalité.

Les Mankonoka considèrent qu’il est de leur responsabilité de lutter contre cet état de fait par des programmes de soutien scolaire et d’encadrement de la jeunesse. C’est là la deuxième vocation essentielle de Koyakadougou. Parmi les objectifs que nous pouvons nous assigner ici en France, nous retiendrons également l’aide juridique à nos compatriotes, la formation des adultes, la lutte contre le racisme, et les diverses formes d’aide qui sont déjà mises en œuvre par la communauté. 

 

 

II).c Actions à entreprendre pour la réalisation du projet 

Nous avons commencé d’organiser des réunions pour recenser les aspirations de nos compatriotes. Dans la perspective d’un retour au pays, il est essentiel d’envisager avec précision le type d’activité que nos membres envisagent d’y mener. De ces réunions découleront des besoins en formation et plus généralement la réalisation d’un « cahier des charges » en maîtrise d’œuvre sociale. Il nous faudra rapidement disposer d’expertise en matière économique-          Qu’est-ce qu’un micro projet, avec qui le monter-          Comment créer une filière de commerce équitable-          Comment créer une entreprise coopérative-          Etc.. Toutes ces informations sont disponibles en France et il nous sera aisé le moment venu de réunir un comité pour piloter ces aspects du projet.  

III) Les moyens que se donne la communauté 

Les dirigeants de l’association ont en premier lieu demandé aux Mankonoka de déposer une part de leur épargne sur un livret Agir, produit d’épargne du crédit coopératif. Cette banque a choisi unilatéralement de mettre fin à cette collaboration au bout d’une semaine alors que nous avions déjà ouvert 7 livrets Agir. Notre objectif était d’environ 200 livrets ouverts à fin 2006, objectif que nous aurions atteint sans ce fâcheux contretemps. Aujourd’hui, nous avons trouvé une solution satisfaisante auprès du Crédit Mutuel et les ouvertures de comptes épargne se déroulent conformément aux projections que nous avions faites. Cette épargne sera la première force de l’association, à partir de quoi nous serons légitime pour demander des aides aux différentes collectivités qui soutiennent ce type de projet. Car si nous pensons pouvoir collecter suffisamment d’argent pour construire des maisons, nous aurons aussi besoin d’écoles, de dispensaires, de pharmacie, et que dire des routes qui font aujourd’hui si cruellement défaut au district de Mankono. C’est un aspect du dossier que nous avons déjà pris en compte, et sur lequel nous serons bientôt en mesure de faire des propositions concrètes.

En conclusion 

Nous souhaitons insister sur le fait qu’aujourd’hui le projet est déjà sur les rails. Il nous faut encore regrouper des compétences que nous ne possédons pas mais ce qui fait la qualité première de cette initiative, c’est la motivation des membres de ce groupe. Les Mankonoka de Paris sont bien persuadés que leur réussite réside dans l’expression d’une ambition nouvelle, dans la manifestation de leur volonté d’être des citoyens, à Mankono comme à Paris.